C'est le premier abbé de Cluny,
Bernon, choisi par Guillaume le Pieux, qui fonde l'ordre.
Celui-ci reçoit, en 931, le droit de rendre justice
et de prendre la direction de tout monastère se plaçant
sous sa protection, ce qui lui permet de créer rapidement
un puissant réseau. Les principaux traits distinctifs
de Cluny sont la prière perpétuelle (le travail,
si important dans l'équilibre bénédictin,
est laissé aux convers),
l'aide aux pauvres et le culte des morts (qui constitue l'une
des principales ressources du monastère). Cluny est
profondément ancré dans l'ordre segneurial et
aristocratique. Le monastère de Cluny fonctionne comme
une sorte de place forte, intégrant un bourg et ses
activités économiques. Au-delà des murs
s'étend la seigeurerie. Les moines sont défendus
d'éventuelles attaques par des seigneurs alliés,
puis par les bourgeois du bourg (au milieu du XIIe siècle).
La seconde phase d'expansion
de Cluny se fait sous l'abbatiat d'Odilon (994-1049). L'ordre
reçoit le privilège d'exemption, qui le libère
totalement de la tutelle de l'évêque diocésain.
Accordé à Cluny seul en 998, ce droit s'étend
en 1024 à toutes ses dépendances. Odilon instaure
de véritables liens juridiques entre Cluny et les divers
monastères qui se sont placés sous sa protection,
formant une véritable congrégation monastique.
A cette époque sont rédigées des hagiographies
des abbés, l'histoire de Cluny et les cartulaires (coutumes).
Cluny veut alors se charger de réformer non seulement
les moeurs de l'Eglise mais aussi celles de la société
(en étant à l'origine, par exemple, de la trêve
de Dieu). C'est sous l'abbatiat d'Hugues de Semur (1049-1109)
que l'ordre connaît son apogée, en Europe et
jusqu'en terre Sainte. Cluny participe aux grands choix ecclésiastiques
(réforme grégorienne, développement du
pèlerinage de Saint Jacques...). Le pape Urbain II,
qui lance la première croisade, est clunisien. Au début
du XIIe siècle, l'ordre regroupe 1400 maisons et 10
000 moines. L'ensemble clunisien est considéré
comme un corps dont Cluny serait la tête. Les conflits
entre la tête et les membres sont arbitrés par
le Papa lui-même.
Cependant, les premières
difficultés commencent à se faire sentir. En
1098, la fondation de Cîteaux, en réaction à
Cluny, annonce une vive concurrence entre les deux ordres.
Pierre le Vénérable (1122-1156), dernier grand
abbé de Cluny, doit soutenir des polémiques
contre Bernard de Clairvaux (voir ci-dessous). Il se distingue
de celui-ci notamment par sa plus grande tolérance
à l'égard d'Abélard. De nombreuses critiques
affectent l'ordre : on lui reproche son faste, son formidable
enrichissement (qui ont cependant favorisé le développement
de l'art roman) et son relâchement moral. Pierre de
Vénérable entreprend donc une réforme.
La mise en place du faire-valoir direct rend l'ordre indépendant
des dons. Le premier Chapitre général est réuni
en 1132. Sous l'abbatiat d'Hugues V (1199-1207), de nouveaux
statuts sont rédigés, qui instaurent un Chapitre
général annuel. Si la situation de l'ordre se
stabilise grâce à ses efforts, il ne retrouve
pas son prestige initial, même s'il compte dans ses
rangs Richelieu et Mazarin. La généralisation
de la commende,
ajoutée à la dégradation de la situation
financière des monastères, amoindrit la puissance
clunisienne. A une phase de rémission, au XVe siècle,
succède une période de conflit au XVIIIe siècle.
Comme à Citeaux (cf. plus bas), des divisions apparaissent
entre deux observances (étroite observance et ancienne
observance). richelieu, puis Mazarin, tentent en vain d'unir
l'étroite observance avec le mouvement de Saint
Maur puis celui de Saint Vanne (mouvement lorrain). Les
querelles internes ne s'apaisent qu'avec la reconnaissance
du dualisme. L'ancienne observance réunit 30 prieurés
et l'étroite observance 20 monastères, parmi
lesquels on trouve les plus importants (Cluny, La Charité).
A la même époque, la congrégation de Saint
Maur regroupe 190 monastères. L'ordre de Cluny est
définitivement supprimé à la Révolution.
Edifices clunisiens traités dans ce site :
Beaulieu-sur-Dordogne
La Charité-sur-Loire
Cluny
Moissac
Mozac
Souvigny
Pour un aperçu complet des sites clunisiens en France
et en Europe : suivre ce lien vers la Fédération
des sites clunisiens
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