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L'histoire de Cluny et de ses trois abbatiales se confond avec celle de l'ordre clunisien tout entier, même si l'architecture clunisienne ne s'impose pas aux dépendances de l'abbaye, respectant ainsi la diversité régionale. L'abbé Bernon, premier abbé de Cluny, entame la construction de Cluny I, terminée sous son successeur Odon, en 927. Saint Maïeul, quatrième abbé (954-994), entreprend l'édification de Cluny II. Consacrée en 981, elle reçoit des reliques de Pierre et de Paul qui font du monastère une petite Rome. L'église n'est cependant achevée que vers 1002-1018 (sous l'abbatiat d'Odilon). Cluny III, dont on voit aujourd'hui les restes, voit le jour en 1088 (abbatiat d'Hugues de Semur), alors que l'ordre est à son apogée.

 


Cette église, aux dimensions peu communes pour l'art roman, est achevée sous l'abbatiat de Pierre le Vénérable et consacrée en 1130. Son principal architecte est Hézelon de Liège. Sa construction aurait pour origine le rêve d'un moine, Gunzo. Saint Pierre lui aurait demandé de dire à Hugues de Semur de bâtir une nouvelle église. L'apôtre lui aurait inspiré le plan de la nouvelle abbaye, qui devait être apte à abriter un millier de moines. Sans ce songe justificateur, Cluny III serait sans doute passé pour un projet trop orgueilleux. Le financement de la construction fut en partie assuré par des dons de Ferdinand et Alphonse de Castille.


Cluny III (Reconstruction par images de synthèse réalisée par les élèves de l'Ecole des Arts et Métiers)

 

En 1798, le terrain de l'abbaye est découpé et vendu par lots. La destruction est entamée peu après. Lorsque le gouvernement envoie des inspecteurs, quelques années plus tard, et demande l'arrêt des démolitions, il n'est pas écouté. Lorsqu'on parvient enfin à faire cesser celles-ci, il ne reste plus grand-chose de ce qui fut à son époque la plus grande église de tous les temps (elle ne fut détrônée que par Saint Pierre de Rome) et l'un des chefs-d'oeuvre de l'art roman.
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Ce qu'était Cluny III...

         L'abbatiale, dans son ensemble, était longue de 187 m (150 m pour l'église, dont 68 pour la seule nef, et 37 pour l'avant-nef). La nef comportait onze travées. Elle s'élargissait par des collatéraux doubles. Son élévation à trois niveaux était couverte par une voûte brisée, soutenue par des arcs doubleaux. A l'extérieur, on pouvait observer la présence de contreforts évidés, ce qui est tout à fait exceptionnel pour une église romane.

            De nombreuses églises clunisiennes, parmi lesquelles on trouve Cluny II et Cluny III, comportaient une avant-nef - appelée galilée - à deux étages, surmontée de tours et comprenant une chapelle haute. C'est un lieu symbolique si l'on se réfère à l'éxégèse du mot galilée. D'une part, la galilée est la transition entre un mode de vie imparfait et un mode de vie parfait (la conversion) ou encore entre la vie et la mort. D'autre part, la galilée signifie l'entrée dans le royaume de Dieu, le face à face avec Dieu, en référence à l'apparition du Christ aux apôtres en Galilée. C'est donc un lieu de transition mais aussi de commémoration de l'apparition du Christ. La chapelle de l'étage servait à célébrer les nombreuses messes pour les morts.
            L'avant-nef dont on voit aujourd'hui les restes, entreprise en 1135 (dernier élément construit), comportait cinq travées. Son élévation était à quatre niveaux pour les travées orientales et à trois niveaux pour les trois travées occidentales. Sa construction fut interrompue et achevée seulement au XIIIe siècle, en style gothique. Son portail datait de 1230. Le tympan faisait cinq mètres de diamètre. Il se situait à la croisée des représentations traditionnelles de l'Apocalypse et de l'Ascension. Inscrit dans une mandorle soulevée par des anges, le Christ était néanmoins entouré du tétramorphe et des 24 vieillards. Au linteau, on trouvait la Vierge, les apôtres et également la scène des Saintes femmes au tombeau.
            Les tours barabans qui entouraient le portail furent réalisées au XIIe siècle pour la tour sud et au XIIIe pour la tour nord.

Cluny III et Cluny II



            Le grand transept, à quatre absidioles, avait une longueur de 75 m. Le petit transept, de 59 m de long, ne comportait que deux absidioles. La croisée du grand transept était marquée par une coupole de 40 m de haut à l'intérieur, et par une tour carrée à l'extérieur. Cette dernière était flanquée de deux tours (à l'extrémité de chaque croisillon). Celles-ci avaient à l'origine un couvrement semblable à celui des tours barabans de l'avant-nef (voir reconstitution ci-dessus). Ce n'est que plus tardivement qu'elles ont reçu un couvrement en flèche octogonale. On trouvait également un clocher octogonal à la croisée du petit transept. Le bras sud du grand transept abritait la chapelle Jean de Bourbon (XVe siècle), toujours visible aujourd'hui.Le déambulatoire desservait cinq chapelles rayonnantes.


            Le cloître, très riche, fut construit vers 1120-1122. Contrairement au cloître de Moissac (abbaye clunisienne), celui de Cluny comportait peu de chapiteaux historiés. On peut y voir l'effet des critiques de Saint Bernard.

 

Ce que l'on peut voir aujourd'hui

 

cliquez pour agrandir             Il est bien difficile d'imaginer aujourd'hui ce que fut cette gigantesque abbaye.
            Seul subsistent les bras sud du grand et du petit transept, ainsi que le clocher de l'Eau bénite, qui coiffe le croisillon sud du grand transept. S'il est quasiment impossible de concevoir l'église dans sa longueur, les éléments restants permettent d'avoir une idée de sa formidable élévation, tout à fait digne d'une cathédrale gothique.
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Dans le bras sud du petit transept, on trouve la chapelle Jean de Bourbon. Les statues qui l'ornaient ont disparu mais on peut encore admirer les consoles de style gothique flamboyant. Les clefs de voûte sont ornées des armes des Bourbon. Un oratoire muni d'une cheminée et attenant à la chapelle permettait à l'abbé Jean de Bourbon de suivre l'office divin tout en se chauffant (la fenêtre de l'oratoire qui donne sur la chapelle a des montants obliques qui l'orientent vers le choeur).
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cliquez pour agrandir On peut voir aussi les restes des tours barabans, qui encadraient le portail, et les parties basses de l'avant-nef (les bases de certains chapiteaux ont été dégagées).

 

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On trouve enfin quelques corbeilles de chapiteaux au musée Ochier, du nom de celui qui les a exhumés et dans le cellier.

 

Adam et Eve chassés d'Eden>

Musicien

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