Introduction
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Au Moyen Age, les animaux sont à la
fois les éléments d'un système de représentations
symboliques et le fruit de la libre imagination de leur créateur.
Trois principales sources d'inspiration alimentent l'imagination
des artistes : les Bestiaires, les motifs venus d'Orient et
l'observation de la nature. Il faut savoir résister à
la tentation de voir partout des explications symboliques, sans
pour autant négliger le sens caché des figures
animales. |
I - Le symbolisme
Les Bestiaires du Moyen Age associent
des comportements animaliers - réels ou imaginaires
- à des interprétations religieuses. Ainsi l'éléphant
était considéré, depuis l'Antiquité,
comme un animal froid, qui ne pouvait s'unir à sa femelle
qu'après s'être nourri d'une mandragore qu'elle
lui apportait. L'association de cette fable au péché
originel permettait aux auteurs de dire que Dieu avait
voulu laisser sur terre une trace de ce qui provoqua la Chute
de l'homme.
Les Bestiaires regorgent de fables
comme celles-ci. Mais toutes ne sont pas utilisées
par les artistes. A de rares exceptions près, les seuls
symboles utilisés sont ceux qui sont repris par Honorius
d'Autun dans son Speculum ecclesiae. Honorius d'Autun
met en relation un épisode de la vie du Christ, un
élément qui le préfigure dans l'Ancien
Testament et un comportement animalier. Ainsi, il associe
la Résurrection du Christ à l'épisode
de la baleine crachant Jonas (Ancien Testament) et aux lionceaux.
Ceux-ci étaient censés avoir l'aspect de mort-nés
lors de leur venue au monde, jusqu'à ce que le souffle
du lion, leur père, ne vienne les ranimer le troisième
jour. Ces associations ont par exemple été reprises
dans un vitrail de St
Jean de Lyon.
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De nombreux autres symboles sont
tirés du Speculum ecclesiae, comme l'aspic et
le basilic, qu'écrase le Christ triomphant. Le basilic
est un être hybride, mi-oiseau, mi-serpent, qui représente
la mort. |
L'aspic est une espèce
de dragon qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre les
chants susceptibles de le charmer. Il incarne le pécheur
qui refuse d'entendre la parole divine. Aspic et basilic se
trouvent, par exemple, sur le socle du Beau Dieu qui figure
au trumeau
du portail central d'Amiens
(photos ci-contre). |
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D'autres animaux, imaginaires ou non (le pélican,
le phénix, la licorne) ont une forte valeur symbolique.
C'est également le cas des sirènes, qui représentent
pour Honorius d'Autun les voluptés de ce monde.
Chapiteau du cloître de Sainte
Eulalie d'Elne
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Honorius d'Autun n'est cependant pas la seule
source d'inspiration des artistes utilisant un bestiaire symbolique.
C'est dans les Lectionnaires, par exemple, qu'il faut chercher
la triple signification du tétramorphe
(voir l'explication sur la page consacrée aux évangélistes). |
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Certains mythes païens sont également
relus à la lumière du christianisme. C'est le
cas du thème de Ganymède, qui raconte l'enlèvement
d'un séduisant jeune homme par Zeus ayant revêtu
l'aspect d'un aigle. L'aigle est au contraire considéré
par l'Eglise comme un intermédiaire entre Dieu et l'homme.
L'interprétation chrétienne est donc évidemment
très différente de l'interprétation d'origine.
Ci-contre, L'enlèvement
de Ganymède, Vézelay
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