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Styles architecturaux



 

L'art carolingien

 

La période carolingienne est empreinte d'une volonté de synthèse et d'unification entre le monde barbare et l'influence romaine, tant sur le plan politique que sur le plan artistique. La renaissance carolingienne s'inspire fortement de l'art de la Haute Antiquité en construisant des édifices à plan centré et basilical, comme à Aix-la Chapelle ou Germiny-des-Prés (Loiret). Le principal signe distinctif est la présence de deux chevets symétriques (et donc deux choeurs), comme à Fulda.. En revanche, la sculpture ornementale proprement carolingienne est réduite, du fait de la réutilisation de réalisations antérieures. Il reste peu de traces des mosaïques et peintures, probablement plus présentes.

Choeur de l'église de Germiny-des-Prés

 

 

L'art ottonien

 

Il reprend les acquis architecturaux de l'art carolingien en y ajoutant des éléments décoratifs d'inspiration byzantine, dans le but de glorifier le Saint Empire romain germanique. On trouve donc des édifices à deux chevets symétriques (mais le plan centré est abandonné), avec un mobilier et des ornements byzantins. Extérieurement, on adjoint aux églises des tours et des clochers.

Eglise de Nivelles

 

 

L'art roman

 

 

Pour en savoir beaucoup plus sur l'art roman, laissez-vous guider. Sinon, voici un petit topo simplifié.

L'art roman (terme trouvé en 1818 par Charles de Gerville, un érudit normand) ne s'affirme vraiment qu'à partir du XXe siècle. On distingue plusieurs phases :

 

 

1er âge roman (950 à 1060/70) : l'art roman apparaît dans l'Europe méridionale. Les premières églises romanes ont un plan simple (une nef à trois vaisseaux terminées par une abside, sans transept). Elles sont généralement de petite taille et massives. La charpente en bois est progressivement remplacée par un voûtement en pierre qui ne concerne dans un premier temps que quelques parties des églises (collatéraux, absides).

 

 

Un souci de rythmer l'espace apparaît avec l'évolution des piliers et l'ajout, à l'extérieur, d'arcatures aveugles (bandes lombardes) séparées par des lésènes (relief peu marqué). La sculpture monumentale se développe également. Les chapiteaux historiés apparaissent pour la première fois vers 1025 pour orner la tour porche de Saint Benoît sur Loire (ci-contre).

 

 

vezelay

2nd âge roman (1060/70 à 1130) : le plan en croix latine se généralise (il apparaît déjà à la fin du IXe siècle). Le voûtement en pierre s'étend à la nef, même si l'on trouve encore des charpentes. On favorise les voûtes en berceau (brisé ou cintré) et les voûtes d'arêtes. Les poussées sont contenues soit par des murs épais, soit par des bas-côtés soutenus par des contreforts. On peut trouver des élévations à trois niveaux, en ajoutant au-dessus des tribunes des fenêtres hautes qui permettent un éclairage direct de la nef. Cette dernière solution sera la plus utilisée dans les édifices gothiques. L'intérieur des édifices était parfois peint (il est difficile de déterminer aujourd'hui quelle était la proportion d'édifices peint).

Vézelay

 

 

Bien souvent, les points essentiels de l'architecture sont ornés de sculptures (chapiteaux, tympan), même si on ne trouve pas de tels ornements dans toutes les régions. Les grands tympans sculptés apparaissent vers 1100. Auparavant, seuls le linteau et l'encadrement des portes étaient ornés. Ensuite, la sculpture historiée s'étend aux voussures et aux ébrasements. Le tympan le plus orné donne souvent sur la rue principale de la ville. Ainsi, à Saint Sernin de Toulouse, la porte de Miègeville (ci-contre) donne sur la rue du Taur.
saint sernin

 

 

L'art roman a longtemps été considérée comme un art barbare (on peut dire la même chose du gothique). Des écrivains comme Stendhal ou Michelet estiment qu'il faut bien du courage pour étudier cet art, notamment lorsqu'on le compare à l'art antique. La réhabilitation du roman et du gothique commence au début du XIXe avec le Génie du christianisme de Chateaubriand, l'action de restauration de Mérimée. Le véritable engouement qui se développe dans la seconde moitié du XIXe ne s'est pas éteint depuis.

 

 

L'art gothique

 

saint denis On situe généralement la naissance de l'art gothique naît à Saint-Denis (ci-contre). On identifie généralement l'art gothique à la croisée d'ogives et aux arcs-boutants. Pourtant, l'apparition de la croisée d'ogives précède de beaucoup celle de l'art gothique, puisqu'on la trouve pour la première fois à Lessay, en Normandie ou à Durham, en Angleterre à la toute fin du XIe siècle. Suger s'est d'ailleurs inspiré des innovations normandes pour la construction de sa basilique. Quant aux arcs-boutants, leur utilisation n'est devenue systématique qu'au XIIIe siècle. Notre-Dame de Paris en était initialement dépourvue.

 

 

Ils n'étaient pas toujours techniquement indispensables (d'ailleurs, lorsqu'ils sont utilisés le point d'application de l'arc n'est pas toujours celui de la poussée) et leur systématisation répond plutôt à un parti pris esthétique. Le gothique n'est donc pas seulement le recours aux possibilités architectoniques offertes par la croisée d'ogives et l'arc-boutant. C'est aussi la recherche d'une lumière toujours plus abondante, d'une élévation toujours plus haute et d'une unification de l'espace par le décloisement des volumes.

 


            

 

On peut distinguer plusieurs périodes :

Le gothique primitif(~1140 à 1190) : le gothique se dessine essentiellement à travers deux édifices : la basilique Saint Denis et la cathédrale de Sens. A Saint Denis, le double déambulatoire révèle la liberté laissée par les croisées d'ogives. Sa grande finesse, très audacieuse, ne sera pas immédiatement comprise et suivie. Suger fait un autre choix important en optant pour la façade harmonique, apparue en Normandie. A Sens, les choix architecturaux sont moins audacieux : l'alternance des supports (piliers forts et faibles) est conservée et avec elle la voûte sexpartite. Les murs restent épais. Cependant des innovations sont bel et bien présentes : l'absence de transept unifie l'espace, l'éclairage fourni par les grandes baies des bas-côtés est abondant.

Saint Etienne de Caen

caen

 

 

laon Les apports de Sens sont compris plus vite que ceux de Saint Denis. Ils sont transposés, avec de nombreuses adaptations, à Senlis, Noyon...Notre-Dame de Noyon (ou Saint Germer de Fly, selon les datations) inaugure la formule de l'élévation à quatre niveaux (grands arcades, tribunes, triforium, fenêtres hautes) qui, sans être exclusive (Notre-Dame de Paris a trois niveaux...) connaîtra un grand succès pendant toute la seconde moitié du XIIe siècle. A partir de 1160 commence une course à la hauteur, inaugurée par Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Laon (ci-contre). A Laon, le maître-d'oeuvre utilise un mur découplé, une élévation à quatre niveaux et réussit à donner à la cathédrale un éclairage abondant. A Paris, le mur est simple, le triforium supprimé au profit de tribunes à larges baies et la lumière moins abondante. C'est pourtant ce second modèle qui connaît le plus de succès. De nombreuses recherches sont faites par la suite sur le rythme des percements, sur la diaphanie.

 

 

Le gothique classique (~1190-1240) : En 1190, le gothique trouve un nouveau souffle, notamment au Nord de la France. Les deux édifices les plus marquants de cette période sont Chartres et Bourges. A Bourges est adoptée une élévation pyramidale à cinq niveaux, permise par l'utilisation de double collatéraux.

 

 

1 - Arc formeret : la voûte sexpartite unit deux travées.

2 - Elévation de la nef centrale

3 - Elévation du premier collatéral, englobée par la grande arcade de la nef centrale

4 - Elévation du second collatéral, englobée par la grande arcade du premier collatéral

C'est la combinaison de l'élévation de la nef centrale et des deux collatéraux qui constitue une élévation à cinq niveaux

D'après G.Dehio & G von Bezold, die Kirchliche Baukunst des abendlandes : historiches und systematisch dargestellt.

 

Le maître d'oeuvre renonce à la tribune mais pas aux voûtes sexpartites. A Chartres subsiste une alternance des piliers dans le décor mais pas sur le plan technique (voûte quadripartite plate, c'est-à-dire que la clé de voûte est au même niveau que le sommet des arcs doubleaux et des arcs formerets). L'adoption de l'élévation à trois niveaux, soutenue par des arcs-boutants, qui est faite à Chartres vaudra désormais pour tous les autres édifices. Enfin, Chartres se caractérise par la recherche d'un ajourement maximal.

 

 

Le gothique rayonnant (~1240 -1350): A partir de 1231 émerge progressivement un nouveau style qui se caractérise surtout par la virtuosité des remplages, une verticalité accrue, des piliers fasciculés et l'édification de murs de verre. L'origine du gothique rayonnant peut être située à Paris. Là encore, la basilique de Saint Denis fait figure de précurseur, puisque ces innovations apparaissent lors de la réfection des parties hautes du choeur. On introduit notamment un triforium à claire-voie. La constitution de murs de verre prend toute son ampleur avec la Sainte Chapelle.

sainte chapelle de Paris

 

 

notre dame de Paris

Le gothique rayonnant s'impose réellement à partir de 1240. Les édifices alors en construction, comme Amiens, Reims ou Beauvais, prennent immédiatement en compte cette évolution et changent partiellement leur plan (parties hautes du choeur à Beauvais, façade occidentale à Reims...). C'est à cette époque que la rose devient vraiment un élément incontournable du décor, même si elle était déjà très utilisée avant. La multiplication des chapelles latérales permet d'agrandir l'espace de la cathédrale.
Les adapations du gothique sont très différentes d'une région à l'autre. On peut noter les particularismes italiens : si les éléments ornementaux du gothique français sont importés (pinacles, roses...), les possibilités architecturales offertes par la croisée d'ogives et les arc-boutants ne sont pas utilisées, les églises gardant les caractéristiques essentielles du roman. Le gothique méridional est lui aussi profondément original, son expression la plus aboutie étant la nef unique (Cathédrale de Toulouse, d'Albi) qui influencera le gothique de Bohême.

Rose rayonnante, transept de Notre Dame de Paris

 

 

Le gothique flamboyant (~1350-1500): les innovations se font rares pendant une longue période (la Guerre de Cent ans n'y est peut-être pas totalement étrangère, même si elle n'est pas seule responsable). Un souffle nouveau est trouvé vers 1420. La structure des édifices reste la même, mais ceux-ci "flamboient" sous l'effet de décors exubérants, notamment en Normandie (Saint Maclou de Rouen...). Le terme de flamboyant est dû à la forme de flamme des remplages des baies (notamment des roses). On multiplie les gâbles et les pinacles à l'extérieur, tandis qu'à l'intérieur les voûtes deviennent très complexes, avec un grand luxe de tiercerons,de liernes...On constate aussi un retour plus fréquent à des élévations à deux niveaux qui font disparaître les murs entre les grandes arcades et les baies supérieures (Saint Germain l'Auxerrois, Saint Etienne du Mont). Plus tardivement, certains éléments d'architecture gothique sont utilisés à des fins essentiellement décoratives. C'est le cas des croisées d'ogives qui se complexifient jusqu'à perdre leur sens. On leur adjoint des clefs de voûtes pendantes qui peuvent menacer la stabilité de l'édifice (ex : certaines chapelles de Senlis, dont on voit le transept ci-contre)
senlis

 

 

Le gothique bourguignon : il s'agit d'une forme régionale de style gothique, qui conserve en fait beaucoup de caractéristiques du style roman : corniche à modillons, tour lanterne, voûtes d'arêtes, portail en plein cintre. On trouve des cathédrales de ce style à Dijon, Auxerre, Nevers, Lyon.


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