La sculpture monumentale s'inspire des miniatures rencontrées
dans les manuscrits. Ainsi le tympan
de Moissac
a-t-il été créé d'après un
commentaire de l'Apocalypse
par l'espagnol Beatus, commentaire dont l'abbaye devait posséder
une copie, aujourd'hui disparue.
Les apocalypses qu'on trouvait alors dans
les mosaïques ne représentaient pas les vieillards
couronnés sur des trônes. Seule l'Apocalypse de
Beatus procède ainsi et est donc susceptible, selon Mâle,
d'avoir inspiré les moines de Moissac (tympan ci-contre).
Cette hypothèse est aujourd'hui réfutée
par des auteurs comme Yves Criste. Ce modèle se répand
ensuite à partir de Moissac et connaît un grand
succès pendant tout le XIIe siècle. Au XIIIe siècle,
il cède la place au Jugement
dernier.
De plus, le commentaire de Beatus est précédé
par des références (toujours illustrées)
à la Genèse (notamment le péché
originel) et suivi par un traité de Saint Jérôme
sur le livre de Daniel.
Or, tous ces thèmes sont présents dans les chapiteaux
du cloître de Moissac.
Daniel dans la fosse aux lions,
cloître de Moissac
Il existe d'autres exemples d'ensemble
sculptural inspiré par un manuscrit. Les bas-reliefs
de Ripoll,
par exemple, sont tirés d'une bible espagnole, la bible
de Farfa.
Les thèmes historiés ne sont pas les seuls
à être extraits des manuscrits. Les motifs décoratifs
y sont également puisés. Or les enluminures qui
inspirent la sculpture du XIIe siècle ont souvent comme
source d'inspiration les thèmes et les motifs orientaux.