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Saint-Jacques et le pèlerinage



 

L'histoire du pèlerinage

 

Cluny

Le roi d'Aragon Alphonse II (791-842) vient en pèlerinage sur le tombeau de saint Jacques et décide de construire à cet endroit un premier sanctuaire, autour duquel se développe une cité. Le culte commence pour les Espagnols en lutte contre les sarrasins.

Saint Jacques est considéré comme le patron de la résistance hispanique. Si la légende de Compostelle commence à se répandre en Europe, elle n’a pas pour autant drainé des foules innombrables vers le saint tombeau. Certes, l’évêque du Puy-en-Velay Godescalc fait le voyage en 951, ainsi que quelques grands personnages, dont le prince Guillaume V d’Aquitaine (993-1030). Aux XIe-XIIe siècles, les seigneurs bourguignons nouent des alliances avec les rois de Castille et favorisent l’influence de Cluny à Compostelle (ce qui ne signifie pas que Cluny ait pratiqué une quelconque politique de chemins). Le roi de Castille Alphonse VII (1126-1157) a été couronné à Compostelle et a cherché à attirer dans sa mouvance les seigneurs aquitains.

Cluny

 

 

En 1175 est fondé l’Ordre de Santiago, un ordre chevaleresque qui a pour vocation d’aider les rois de Castille, León et Galice à repousser les Maures. Mais ce n’est guère avant le XIIIe siècle que se diffuse l’image du saint Matamore (de l'espagnol matar, tuer). On dit alors qu’il est apparu pour la première fois dans le ciel, sur son cheval blanc, pour donner la victoire aux troupes d'Alphonse III, lors de la bataille de Clavijo en 844.


Saint Jacques matamore, Saint Jacques de Compostelle

Saint Jacques matamore

 

 

En Espagne, la Légende de Compostelle reste bien vivante, de siècle en siècle. A chaque époque, chacun y puise tel ou tel thème qui l’intéresse. Au XIIIe siècle, la légende soutient les prétentions de l’archevêque de Compostelle à obtenir sur Tolède la primatie de l’Eglise espagnole ; au XIVe siècle, l’archevêque Béranger de Landore l’utilise pour asseoir sa position conquise par les armes.

Contrairement à ce qu’on a pu dire, le XVIe siècle n’a pas vu le déclin du pèlerinage, bien au contraire. Les textes témoignent de troupes de pèlerins qui partent et qui, au retour, se regroupent en confréries par dizaines. Les critiques émises alors contre le pèlerinage (incitation à la paresse et au vagabondage) ne se seraient pas faites aussi virulentes si le phénomène n’avait pas existé, et les réglementations n'auraient pas été si nombreuses aux XVIIe et XVIIIe siècles s’il n’y avait eu personne sur les chemins.

Casa de las conchas, Salamanque

 

 

Le déclin a réellement commencé après les guerres napoléoniennes : 100 pèlerins par an en moyenne ont été reçus à l'Hôpital des Rois Catholiques entre 1825 et 1885. La re-découverte des reliques de l'apôtre (on avait perdu peu à peu trace de leur emplacement exact) par l'archevêque de Compostelle en 1879, officialisée par le pape Léon XIII en 1884 a doublé cette moyenne entre les années 1885 et 1905. Elle a sans doute sauvé ce pèlerinage d'un oubli définitif. Mais on était bien loin de l’idée de reprendre le chemin à pied. Au tout début du XXe siècle, l’abbé Daux est persuadé que « l’historien n’aura plus à offrir à son lecteur que le réseau des voies ferrées ».

Ce n’est qu’après la guerre de 1914-1918, avec l’avènement du tourisme moderne, que les pèlerins les plus fortunés parmi les intellectuels catholiques ont commencé à reprendre le chemin de Compostelle, à l’invitation des premiers chercheurs tels que Joseph Bédier ou Emile Mâle.

 

 

Pourtant, l'histoire de saint Jacques reste floue. Une confusion demeure avec deux autres Jacques, l’apôtre Jacques le Mineur et un autre Jacques qualifié parfois de « frère du Seigneur », ou de « Juste », qui n'en forment peut-être qu'un, la distinction n'étant pas claire dans les évangiles. Les fidèles du Moyen Age n’étaient pas cartésiens et pour eux ces subtilités étaient sans importance. Ils priaient un seul « apôtre Jacques » qui, de surcroît, était l’auteur de l’Epître de Jacques, cette lettre d’une importance fondamentale par son impact social et par le fait qu’elle est à l’origine du sacrement de l’Extrême-Onction. Les sermons du Codex Calixtinus y font constamment allusion et la statue du Majeur du portail de Saint-Gilles-du-Gard porte un livre sur lequel est gravée une phrase de cette Epître. Jusqu’au XXe siècle, les Espagnols ont cité des phrases de l’Epître comme étant la parole de leur saint patron.

Saint Jacques, cathédrale de Rouen

 


De plus il ne faut pas oublier que, comme bien d’autres saints, saint Jacques possède quantité de corps, de têtes, de membres, de dents et autres ossements, voire un poil de barbe… que les dévots de l’apôtre pouvaient aller vénérer dans quantité de lieux proches de chez eux, sans se préoccuper de savoir quel Jacques y était présenté.
Ces multiples sanctuaires ont, pour la plupart, disparu à la Contre-Réforme, mais il en reste de nombreux vestiges architecturaux et mobiliers. Ce sont eux qui ont fait croire, bien improprement, qu’ils balisaient des chemins de Compostelle et qu’ils faisaient partie d’un réseau hospitalier spécialement conçu pour les pèlerins de Galice. Mais c’est une grave erreur de méthodologie que de croire que ces sanctuaires, tout comme des abbayes, des commanderies, des hôpitaux, même des hôpitaux Saint-Jacques ont été construits pour les pèlerins de Compostelle. Les textes parlent d’établissements qui accueillent des « pauvres, des malades et des pèlerins ». Mais des pèlerins, il y en avait partout, et et tous n'allaient pas à Compostelle.

Saint Jacques, Frontanya (Catalogne)

 

Pour poursuivre sur le sujet : l'excellent site www.saint-jacques.info

 

 


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