Epoque Mérovingienne
Partage du territoire
Au moment de la chute de l'empire romain (fin
du Ve siècle), la Gaule est partagée en cinq ensembles
: tout d'abord, la Bretagne, zone complètement indépendante,
peuplée de celtes chassés des Cornouailles par
les Angles et les Saxons. Au nord du pays, de la vallée
de la Somme vers la Belgique et la vallée du Rhin, se
trouvent les Francs saliens. Une vaste zone comprenant le bassin
parisien et une bonne partie du bassin de la Loire est sous
la domination d'un général romain, Syagrius. Les
Burgondes occupent le centre est du pays, de la Bourgogne et
descendent une bonne partie de la vallée du Rhône.
Enfin, les Wisigoths, implantés en Espagne, remontent
en Gaule dans le bassin Aquitain et sur le littoral méditerranéen. |
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C'est dans le contexte de ce pays divisé
que Clovis,
roi des Francs, et ses fils, unifient le pays. Syagrius tombe
en 486 puis les Wisigoths en 507, les Burgondes en 534. Seule
la Bretagne reste indépendante. Pour appuyer cette conquête,
les Francs se servent du Christianisme. |
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Traditionnellement païens,
ils deviennent chrétiens avec le baptême de Clovis,
en 498 ou 499. Conversion probablement sincère, elle
est également un geste politique habile : les francs
s'appuient sur le réseau des évêques gallo-romains
dans leurs conquêtes. Les évêques y trouvent
aussi leur compte en gagnant la protection des rois francs. |
Baptême de Clovis, cathédrale de
Reims
Cette alliance entre la royauté et le
clergé va provoquer peu à peu une intrusion des
laïcs dans les affaires religieuses.
Les rois vont prendre ainsi l'habitude de nommer les évêques
et l'aristocratie franque va s'adjuger les postes les plus importants.
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L'église franque
L'église est un véritable outil de pouvoir
pour les rois mérovingiens. Ils convoquent régulièrement
des conciles pour légiférer. En devenant un instrument
aux mains des rois Francs, l'église de Gaule prend alors
son indépendance vis à vis de Rome.
L'influence de Byzance, trop lointaine et empêtrée dans la
crise iconoclaste, est inexistante. Quelques voix au sein du clergé
s'élèvent contre cette ingérence des rois dans les
affaires religieuses mais en vain. Il est à signaler que cette autonomie
de l'église gauloise vis à vis de Rome n'est pas une exception
dans l'occident chrétien de ce début de VIe siècle
(les églises d'Espagne, d'Angleterre, ou d'Afrique du Nord sont tout
aussi indépendantes). Globalement, même si ces églises
reconnaissent à Rome une place centrale, elles se jugent aptes à
régler elles-mêmes leurs affaires par leurs conciles. Au-delà
de cette volonté d'indépendance des églises locales,
Rome s'avère de toute manière incapable de fédérer
quoique ce soit. La faiblesse doctrinale est telle que le Pape Vigile (537-555)
est excommunié pour avoir tenu des thèses déviantes.
Avec Grégoire le Grand (590-604), la papauté reprend
son rang. Celui-ci combat avec fermeté l'indiscipline
du clergé. Par ailleurs, tout en se rapprochant du roi
Franc Childebert II, il marque clairement une distinction entre
le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel des souverains.
Ces efforts restent sans suite une fois son pontificat achevé.
Il faut attendre l'avènement des carolingiens pour revoir
Rome occuper une place importante. |
Monachisme au VIe
Avec l'effondrement de l'empire et les invasions barbares,
la disparition des écoles classiques, la vie spirituelle
a été stoppée net. Le christianisme n'avance
plus, certaines contrées voient renaître des rites
païens. Par ailleurs, dans son désir d'évangéliser
rapidement des régions, l'église a parfois enrôlé
trop rapidement des prêtres peu respectueux de leur sacerdoce.
Leur morale est parfois tout à fait inexistante, le nicolaïsme
est très courant. |
Face à cette situation, une deuxième vague
de monachisme, deux cents ans après la première
initiée par saint Martin débute en occident.
L'impulsion vient de deux régions : la Bretagne et
l'Italie. En Bretagne, des moines venus d'Irlande ou d'Angleterre
fondent des monastères " celtiques ". Saint
Colomban voyage dans toute la Gaule et y apporte son message
de foi, et de retour à plus de rigueur morale. Il impose
son autorité morale et son indépendance d'esprit
aux rois francs et aux évêques, souvent issus
eux-mêmes de l'aristocratie franque.
Les monastères suivant la règle de saint Colomban sont vite
dépassés par la règle bénédictine.
Saint
Benoît, en fondant son monastère du mont Cassin en 529
est à l'origine de la règle de référence décrivant
la vie d'un monastère. Celle-ci, plus souple que les précédentes,
se répand partout en occident. En 620, le premier monastère
bénédictin en Gaule est fondé à Hauterive,
dans le Tarn. Le succès bénédictin est officialisé
avec son adoption par la hiérarchie ecclésiastique au concile
d'Autun (663-675). Désormais,
tous les monastères doivent la suivre. Cet élan est salutaire
et décisif pour la vie intellectuelle qui commence à renaître
vers la fin du VIIe siècle.
Saint Benoît, tympan de
l'abbatiale sainte Marie de Souillac
(Lot)
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Bilan de l'époque mérovingienne
Durant toute cette époque de l'avènement
de Clovis au milieu du VIIIe siècle, l'église
de France a considérablement gagné en indépendance
vis à vis de Rome, au prix d'une soumission aux princes.
Le bilan est très contrasté puisque d'un côté,
on a assisté à une dégradation de la discipline du
clergé, dont l'état moral est déplorable (évêques
homicides, pratique du nicolaïsme
).
D'un autre côté, le monachisme a pris un essor formidable.
Il se répand dans toute l'Europe et les monastères se révèlent
être les derniers bastions de la science et du savoir dans un désert
intellectuel, en conservant les savoirs hérités de l'Antiquité.
Globalement, c'est surtout l'inexistence Rome qui est flagrante sur cette
période : aucune autorité doctrinale de haut niveau n'est
venue guider l'église. |
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