Le rôle des anges
Le rôle donné aux anges est vaste et a évolué
avec les époques :
- la puissance active : les anges sont
d'abord invoqués pour leur puissance active, comme
l'étaient les divinités païennes. Cette
tendance s'estompe avec la limitation du nombre d'anges officiellement
reconnus, vers le VIIIe siècle. - l'ange modèle : le monachisme
bénédictin renforce la dévotion aux
anges en faisant de la vie angélique, qui privilégie
la contemplation et la célébration, le modèle
de la vie monastique. Vers les XIII-XIVe siècles, l'imitation
du Christ l'emporte sur l'imitation des anges comme modèle
monastique.
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Ci-contre, la lutte de Jacob contre un
ange, médaillon de St Jean de Lyon
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- l'ange initiateur et messager : lorsque
l'ange perd une partie de sa puissance active, c'est au profit
d'une relation plus fraternelle avec les hommes. Il est un
initiateur qui révèle des mystères à
ceux qu'il visite et qui ne se montre qu'aux meilleurs. Le
mot ange vient d'ailleurs du latin angelus, transcription
de aggelos qui, signifie messager en grec. Les anges
apparaissent dans de nombreux épisodes célèbres.
Durant le Haut Moyen Age, les scènes les plus valorisées
sont les épisodes vétérotestamentaires
comme le sacrifice d'Isaac par Abraham
(Gn 22, 11-13), l'échelle de Jacob (Gn 28, 11-13),
la lutte de Jacob avec l'ange (Gn 32, 24-29), les annonces
aux prophètes...
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- l'ange lumineux et musicien : au
XIIIe siècle, on observe une nouvelle insistance sur
la lumière et la hiérarchie des anges, avec
l'idée d'une approche graduelle de la lumière.
Les anges forment une cohorte lumineuse et souvent musicale.
- l'ange gardien individuel : le XIIe
siècle est celui de la "découverte"
de l'individu. Les anges gardiens individuels apparaissent
à cette période, avec la multiplication des
images de dévotion personnelles. Progressivement, l'ange
gardien l'emporte sur l'ange messager de Dieu. Les anges gardiens
sont une exhortation au perfectionnement et laissent penser
à une omniprésente surveillance divine. Ils
répondent à une angoisse du salut : l'ange est
présent près du lit du mourant dans les arte
moriendis. Il est un guide au moment de la mort et protège
le mourant contre le diable.
- l'ange protecteur collectif : ce
mouvement prend corps en Aragon au XIVe siècle. Chaque
cité célèbre son ange et les villes s'identifient
à la Jérusalem céleste, protégée
par des anges et des archanges. Le culte des anges a ici un
caractère défensif. Ci-contre, un séraphin
(détail du St François d'Assise de Giotto, Louvre)
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- l'humanisation des anges : au XIIIe
siècle, on assiste à un processus d'humanisation
des anges (ainsi que du Christ et de la Vierge).
En parallèle avec le développement de la piété
mariale, les traits des anges deviennent de plus en plus féminins
et enfantins. La figure de l'ange traduit une évolution
de la société vers une valorisation de la douceur
et de la féminité. La hiérarchie céleste
s'estompe. |
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